La mode africaine est en train de rayonner, ce n’est pas le futur, c’est maintenant, c’est aujourd’hui ! Récemment, le créateur camerounais Imane Ayissi est entré dans le calendrier de la haute couture française.
En 2019, le créateur sud-africain Thebe MAGUBU recevait le prix LVMH, d'autres jeunes créateurs arrivent avec le soutien des grands groupes et leur force de frappe médiatique.
Cependant, la créativité Africaine a encore du chemin à parcourir pour s’imposer, Or le continent africain possède bien des atouts.

I. L'Afrique: un continent jeune avec de nombreuses opportunités
70 % de la population Africaine a moins de 30 ans, ce qui représente donc le plus grand marché de consommateur au monde. Cette jeune population est ce qu’on appelle la "power force", c’est à dire la capacité de la classe moyenne qui va consommer.
En effet, Il est plus facile de vendre dans une population qui connaît une croissance exponentielle, contrairement à une population plus vieillissante qui a 60 70 ans en terme de moyenne d’âge.
Malgré cet énorme potentiel, quand on regarde le continent africain, on remarque qu’il n’y a pas encore de confiance sur la force des marques africaines. En effet, les consommateurs qui possèdent un fort pouvoir d’achat aujourd’hui sur le continent préfèrent mettre 1000 € ou 2000 € dans un sac ou dans une robe si elle a été achetée à Rue du faubourg Saint-Honoré ou à New York.
Il est plus difficile pour ces consommateurs, d'acquérir pour le même prix des marques africaines comme Imane Ayissi , Rich Minsi ou d’autres créateurs africains
Il se pose donc la question de savoir comment capter l’intérêt des marchés aussi bien Afrique et que dans la diaspora.
Pour ce faire, Il est très important de travailler sur la revalorisation de la culture Africaine et les créateurs qui sont issus de ces cultures.
I. 4 raisons du manque du développement de l’industrie de la mode Africaine
a. Le manque de soutien de l’industrie créative de la part des gouvernements Africains
En Afrique comparativement à des économies et des scènes créatives comme la France, l’Italie, ou encore Londres, les gouvernements ne croient pas à la force de la culture comme soft Power pouvant être un puissant levier de croissance économique.
Ainsi, à partir du moment où il n’y a pas cette conviction, on ne peut pas développer des écosystèmes qui permettent d’accompagner la création africaine au niveau local.
Pourtant, nous avons des contres exemples comme le Nigeria, le pays est devenu la première économie africaine dépassant l'Afrique du sud, quand il a intégré dans son PIB les industries culturelles et créatives (la mode, le divertissement, le cinéma, etc..).
Le désengagement de la majorité des décideurs africains à soutenir la création Africaine incite les consommateurs à en faire autant.
En effet, il est très rare de voir des chefs d’État arborer des tenues traditionnelles ou bien même des tenues confectionnées par des créateurs africains.
Jusqu’à présent, le seul dirigeant du continent qui portait fièrement des vêtements créés par un designer africain, c’était le président Nelson Mandela.
b. Le manque de ressources financières
Pour beaucoup de créateurs africains, qu’ils fassent du prêt-à-porter, de la haute couture ou de l'accessoire se lancent avec des fonds propres. Quand arrive le moment du succès, parce qu’ils ont fait des parutions dans des grands magazines comme Vogue ou Elle, et que ces créateurs reçoivent beaucoup de commandes. Ils font face à des problèmes de trésorerie, de capacité de production, c'est le moment où ils sont en demande d’accompagnements financiers, or il n'existe pas ou très peu de fonds mis en place localement pour accompagner leur croissance.

c.Le manque de considération de le l’industrie créative en Afrique & du Made in Africa
Pour de nombreux parents en Afrique, tout ce qui concerne la culture, c’est de l’ordre de l’amusement, et ce n’est pas considéré comme une filière sérieuse, or la culture est un secteur qui permet à un pays de mieux se développer.
L’autre barrière existante, est due au fait que les Africains que ce soit sur le continent ou dans la diaspora, ne valorisent pas eux-mêmes le « Made in Africa ». Pour la majorité, un produit labellisé Made in Africa est synonyme de « cheap ».
Ils considèrent communément que si un produit vient d’Afrique, il ne doit pas être cher, et donc il est inconcevable de dépenser de grandes sommes comme ils n’hésiteraient pas à dépenser 500 € ou 1 000 € pour un Chanel ou bien toute autre marque de luxe européenne.
d. Un cadre institutionnel qui ne protège pas les créateurs
Le poids des industries culturelles et créatives en Afrique est totalement sous-estimé, parce que ce sont des industries de main-d’œuvre avec beaucoup de personnes travaillant majoritairement dans le système informel.
Les institutions juridiques ne sont pas mises en place pour protéger les créateurs.
II. Les 4 leviers pour développer la mode africaine
a. Mettre en place des institutions privées dédiés aux développements des marques Africaines
Puisque les pouvoirs publics font défaut, les incitatives des acteurs des secteurs privés sont plus que nécessaires pour mettre en place des structures permettant d’accompagner le financement et le renforcement de capacité sur l’intégralité de la chaîne de valeur des marques africaines.
Le pionnier du genre, le fond d’investissement Birimian Ventures, fondé par Laureen Kouassi-Olsson, est le premier du genre sur le continent dédié au développement et à l’accélération des marques de luxe et de premium africain.
Birimian Ventures accompagne les marques Africaines dans leur développement, au sein d'un écosystème réunissant des designers, les journalistes et médias pour permettre à ces marques de se faire connaître au-delà de leur frontière et de capter le marché international.
Le fond Birimian parie sur le fait de faire adhérer les pouvoirs publics à une cause, c’est-à-dire celle de favoriser de manière soutenable l’émergence de ce que nous avons de plus précieux à savoir le créateur.
Pour cela, il faut faire en sorte que les créateurs africains soient enviés, enviables, désirés et désirable. Ainsi en promouvant cette désirabilité et cette visibilité aux marques africaines, et en faisant en sorte qu’enfin que le continent reconnaisse que l'Afrique est capable de créer de la beauté, du raffinement, et de l’élégance tout en préservant son identité culturelle.
a. Les marques africaines doivent faire preuve de créativité et d’innovation
les créateurs africains doivent renforcer leurs capacités créatives et innovatrices en créant des marques fortes qui auront une capacité de rayonnement à l’échelle internationale.
Pour ce faire, les créateurs africains doivent mettre la barre à un niveau très élevé afin que dans les yeux du consommateur, la qualité attendue soit égale à des produits fabriqués en France ou en Italie.
Enfin, les créations africaines doivent avoir la capacité d'être mainstream, c’est-à-dire réussir à toucher des consommateurs en dehors de l’Afrique pour mettre sous les yeux du consommateur européen l’esthétique africaine.
c. Un cadre institutionnel protecteur
Il faut créer des lois pour organiser tout le secteur de la création en Afrique, comme c’est fait dans d’autres secteurs. Par exemple le secteur du cacao en Côte d'Ivoire, deuxième exportateur de cacao au monde, c’est un secteur qui est très bien organisé.
Les pouvoirs publics doivent mettre en place un cadre juridique pour le secteur de la mode africaine, comme dans d’autres secteurs d’ailleurs (musique, art, etc.) qui permettra non seulement de protéger les créateurs africains, mais aussi de faciliter le développement des marques africaines.
d. Eduquer les africains à consommer leur propre produits
Lorsque l’on regarde l’Afrique aujourd’hui, on a le sentiment qu’elle a oublié que jadis, c'était un continent puissant avec de nombreux empires et une très forte richesse.
Les Africains aujourd'hui, consomment plus aisément le luxe et le savoir-faire des autres, plus que ses propres créations.
En effet, beaucoup d’Africains eux-mêmes n’achètent pas ce que font les Africains, en général, il faut souvent attendre que la reconnaissance vienne de l'Europe pour que les Africains consomment ce qui vient de chez eux.
Il est nécessaire, que l'Afrique retrouve son identité, réécrive son histoire et se réapproprie sa culture.
Les Africains doivent prendre en compte ce qu’ils sont aujourd’hui, et qu'ils doivent se mêler au monde entier.
En effet, le luxe, c’est d’abord la considération de la manière dont on veut se présenter aux autres et donc respecter son histoire et valorise sa culture et son savoir-faire est primordiale.
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